PORTSMOUTH, (Royaume-Uni)
Pas un nuage à l’horizon pendant toute une semaine, un grand bleu étonnant et pas vu depuis près de soixante ans de mémoire des résidents du Hampshire. C’est dans le sud de l’Angleterre que le RCMN a posé ses valises et ballons pour LE match de l’année, avec l’ambition de célébrer dignement ses 20 années de glorieuse existence.
Impossible d’échapper à la figure tutélaire de l’amiral Nelson, omniprésent à Portsmouth et décliné sous toutes ses formes : statue, noms de rues, de pubs et autres lieux. L’hospitalité britannique eu la décence de ne pas trop réveiller les susceptibilités françaises, même lors d’un dîner à bord du Victory, vaisseau amiral de feu l’amiral, lors d’une bataille un peu trop connue.
Le cadre des matchs de nos équipes était un peu moins reluisant, mais tout aussi authentique. Direction le Havant Rugby Football Club, une pelouse synthétique bordée de grand sapins, et une vénérable tribune qui allait bientôt rentrer en ébullition.
Première sur ce pont bien plus abrasif que l’herbe naturelle, les filles de RCMN ont perpétué une tradition immuable, celle de la victoire nette et sans appel. Quelques secondes de doute à peine, et la capitaine et Clémence Rypen assied deux adversaires. La machine est lancée, en avant toute !
La pilier Manon Leduc concrétise la domination de la Marine dès la 8ème minute, le score gonfle rapidement à 17-0. Les joueuses de Rémy Raynaud ont eu le mérite de vite éteindre les ambitions de Britanniques en net progrès, la réaction de la Royal Navy ponctuée d’un essai est vite contenue. Les marinettes allient puissance et vitesse et ne résistent pas à l’appel du large comme sur le bel essai de la centre Mélissa Bergeron.
L’avantage de 29 à 5 après une première période aboutie,laisse espérer le meilleur pour la seconde. Le RCMN a de la marge, des idées et beaucoup d’envie. Le plaisir, visible sur le terrain se partage en tribune. L’équipage de la FREMM Aquitaine en escale venu en nombre donne de la voix, les marinettes se sentent pousser des ailes. 4 nouveaux essais illustrent la supériorité du RCMN en 2nde période, et surtout la manière et la qualité de jeu sont au rendez-vous. Une passe au pied délicieuse de la demi d’ouverture Morgane Garo offre le dernier essai du match aux joueuses de la Marine.
Une victoire 53-5 avec la manière, et une série de victoires qui se poursuit ainsi que l’adage présent dans toutes les bouches au coup de sifflet final, décidément le bouclier ne sait pas nager
Les émotions vécues par la délégation de la Marine emmenée par le directeur du personnel de la marine (DPM) Eric Janicot avait déjà connu un premier sommet, la suite de la soirée allait à nouveau ravir les nombreux supporters du RCMN présent à Portsmouth pour le match masculin.
Souvent rentrés frustrés d’outre-manche, les joueurs de Julien Magnani connaissaient l’enjeu. Briller pour les 20 ans, et offrir à leur team manager et cadre historique Didier Clauss une belle sortie. Le capitaine Flavio Iannuso et le roc Julen Gallego -sorti de sa retraite sportive à 39 ans pour démarrer pilier droit- ont disputé leur plus belle bataille, avec un scénario que personne ne se serait risqué à écrire à l’avance.
D’entrée de jeu, nos marins ont montré à leur encadrement et surtout à leurs adversaires que l’état d’esprit et la vitesse seraient les maître-mots de la rencontre. Même contre un vent bien établi, le RCMN a investi très vite le camp de la Royal Navy. S’il a fallu attendre la 19e minute pour assister au premier essai français, le déboulé de la ligne arrière de la Marine à Mach 2 derrière une mêlée bien ancrée frôlait la perfection. La Royal Navy dépassée par la vitesse s’est donc recentrée sur ses points forts : conquête en touche, en mêlée, ballons portés et mental d’acier. Ce sont ces qualités qui maintiennent les Britanniques à flots à la pause.
L’avantage de 8-3 reflète mal la supériorité française, une entame de second acte un peu moins maîtrisée permet à la Navy de semer le doute. A 14 contre 15 après un carton jaune le RCMN concède son premier essai en force à la 54e mais va immédiatement répliquer dans le même registre. Un en-but adverse pilonné et revoilà nos marins devant 15 à 10. Dans un match idéal le RCMN aurait été plus vite récompensé de sa domination et se serait mis à l’abri rapidement dans le dernier ¼ d’heure. Cela nous aurait privé d’une fin de match intense, inimaginable et au final extraordinaire.
Alors que le chronomètre (légèrement défectueux cela aura son importance) égraine les minutes, les Britanniques sont encore dans le coup et le RCMN à portée de canon. Une série de pénalités dans les derniers instants et voilà la Royal Navy dans les 5 mètres. Un ballon porté termine dans l’en-but, 15-15, transformation à suivre. La dernière salve de la Navy pour la victoire termine… sur le poteau.
En tribune on croit le match terminé, sur le terrain l’arbitre indique qu’il y a le temps pour un dernier renvoi malgré les 82 minutes affichées sur le chronomètre du stade. Le temps est suspendu, Enzo Millot expédie un ballon très haut, les Britanniques encore sous le coup de l’émotion ne captent pas le renvoi, lancé à pleine vitesse, le ¾ centre Gaël Lyaet attrape l’ovale après rebond et file dans l’en-but adverse !
L’essai est transformé, la Marine l’emporte 22-15, c’est le 3e succès au Royaume-Uni du RCMN en 20 ans.
C’est l’extase chez nos joueurs, les marins de l’Aquitaine qui ont joué le rôle du 16e homme tout au long du match viennent fêter les héros du jour. Le secrétaire général du RCMN Alexis Latty peut aller saluer ses joueurs, avec le sentiment du devoir accompli avant de passer la main cet été à Guillaume Delaroche.
Le Rugby Club de la Marine nationale enchaine les succès. Le staff, les joueurs et les partenaires contribuent au succès de notre association.
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